60e Stage d’hiver. Tengu-ryu avec Sensei Habersetzer

Samedi 25 et dimanche 26 novembre s’est tenu le 60 e stage d’hiver du Centre de Recherche Budo –Institut Tengu (CRB-IT), à Strasbourg, sous la direction de son Soke (Fondateur, Maitre d’école) Roland Habersetzer, 9 e Dan. Quand j’y réfléchi, je pense qu’il est aujourd’hui le plus ancien Sensei français d’Arts martiaux encore en activité dans l’hexagone. Il a en effet 81 ans. Il a commencé la pratique du Judo en 1957, celle du Karaté en 1960 à l’âge de 18 et fût l’une des première ceinture noire de Karate-Do à la fin de l’année 1961, et démarra l’enseignement  dès 1962. Une très grande majorité de pratiquants a, un jour ou l’autre, tenu dans ses mains un livre de Sensei Habersetzer. En effet, pas loin de 100 ouvrages, ont été écrits depuis 1968, dans un souci de vulgarisation et de diffusion du temps où rien d’autre que le livre n’existait. Dommage que la plupart des pratiquants ne se soit intéressée qu’aux dessins et aux photos, délaissant les textes. Sensei Habersetzer y a toujours expliqué les sources historiques (il était prof d’histoire-géo en lycée) et surtout, le sens éducatif que l’on pouvait donner à la pratique d’un Budo (ensemble des arts martiaux) avec des vraies valeurs morales et éthiques. Hélas, mission ratée pour Sensei Habersetzer, où le sport et la compétition ont pris le pas sur le reste. On renforce les égos d’individus par le désir  de gagner à tout prix, plutôt que de valoriser l’humilité et l’entraide. C’est l’orientation de la société et c’est comme ça que l’on arrive à mettre à l’envers les panneaux dans les agglomérations. (Le raccourci est un peu rapide, mais je me tiens à la disposition de toute personne qui en fera la demande pour développer ce point).

Nous avons cette sensibilité d’éducation là au Ko Shin Budo Kyokai de Mesnils sur Iton, et c’est avec trois de mes élèves que nous avons fait le déplacement jusqu’à Strasbourg. Magali Hourcau, Perrine Santoro et Yannick Lahaye, m’ont accompagné dans ce périple de 10 heures de pratique sur 1 journée et demi, parmi 105 participants (nous étions donc 109), venant de Suisse, d’Allemagne, de Belgique et même de … Russie. (Et au passage, signalons que dix heures de stage, à 81 ans, personne en France ne fait ça, et encore moins gratuitement).

Au programme, les techniques et les katas spécifiques de l’école Tengu-Ryu (Ecole traditionnelle validée par deux grands maîtres japonais (Tsuneyoshi Ogura et Tadahiko Ohtsuka) ainsi que par le fondateur du Karaté français, Henry Plée), mais aussi des katas antiques appelés Koshiki Kata, tels que Chibana No Bassai, Aragaki No Sochin, une forme rare d’Unsu, des Katas énergétiques, Happoren, Rokkishu, Papuren, des défenses sur agression, à mains nues ou armées, travail du Tambo (bâton court) katana (sabre long), Wakizashi (sabre court), etc.

Le Tengu-ryu possède trois domaines de compétence : Karate Do (techniques à main nues), Kobudo (techniques avec des outils agraires et halieutiques) et Ho-Jutsu (techniques avec des armes à feu). Ce qui permet à l’école de se revendiquer comme étant une VRAIE école traditionnelle et non pas un club sportif comme la majorité des clubs actuels (même s’ils se disent traditionnel, cette tradition ne remonte qu’à 1945, date ou le Karaté a commencé son développement sportif). Le Tengu-ryu, quant à lui, s’inspire des préceptes et des techniques de combat de l’époque (en les adaptant à notre quotidien) extrêmement mouvementée du Japon entre le XIIe et la fin du XVIe siècles. Sa source d’inspiration s’étend ensuite à la période de paix qui a suivi la bataille de Sékigahara et jusqu’à l’ère Meiji en 1868, où s’est alors davantage développé les valeurs morales et éthiques que se devaient de posséder tout Samurai respectable. Enfin, elle ne puise ses techniques dans l’aspect sportif (mais non compétitif) d’aujourd’hui que si celles-ci pourraient avoir une véritable efficacité dans une situation de survie. Car la ligne directrice de l’école est « ne pas se battre, ne pas subir ». Se battre si on peut faire autrement ou s’il s’agit d’une affaire d’égo n’est pas nécessaire. Par contre une situation de survie, ou une impossibilité de fuite, déclenchera une réponse forte et immédiate allant jusqu’au contrôle de la situation et la mise en sécurité de soi-même ou d’autrui. Pour de plus amples informations, je vous recommande les lectures de « Tengu-Ryu Karate Do », « Répondre à l’agression », et « Tir d’action à l’arme de poing » tous trois chez Budo éditions.

Pour mieux connaitre Roland Habersetzer, vous pouvez lire, en pdf, ses mémoires martiales sur le site internet : www.tengu.fr et y trouver également pleins d’infos sur son école.

Citation du jour :

« La perfection a un grand défaut : elle est souvent assommante »

William Somerset Maugham ‘écrivain britanique. 1874-1965)

 

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